Torina - Lupo

[05:21.0]J'ai connu un vieil homme qui vécut autrefois, par-delà la colline
[05:21.0]Là, d'où l'on ne revenait pas, où les vents assassinent, où des cerbères sont rois. Orphelins enragés
[05:21.0]et rôdeurs y font crime, ce pays interdit dont on ne parlait pas, dans nos cités sublimes
[05:21.0]Une nuit de pluie brune, je le vis la première fois, à la taverne sombre. Il buvait en silence, planqué
[05:21.0]dans sa parka, leur bouillon de colombes. Que faisait-il ici ? Était-il de passage ? Les braves gens
[05:21.0]chuchotaient lorsqu'il quitta sa table
[05:21.0]«Êtes-vous du coin un vieil homme ?»
[05:21.0]J'avais lâché ces mots sans pouvoir les retenir, alors son corps se figeait. Dans ses yeux inquiétant,
[05:21.0]je décelais un sourire
[05:21.0]«Je m'appelle Torina, Torina Mélérine, je viens de Sokaya, je cherche du travail et pour cette nuit un
[05:21.0]toit»
[05:21.0]Ma main lui fit un signe, «venez chez moi !»
[05:21.0]Assis dans ma cabane, je lui dis : "Mélérine, Sokaya est une ville interdite ! »
[05:21.0]Il riait aux éclats et me parlait de lui et de ses onze mois de fuite. Évitant les milices, se cachant
[05:21.0]comme un rat, m'expliquant que l'empire se moquait bien de moi
[05:21.0]La rumeur méthodique, le règne de l'entre-soi, qu'il existe un pays où les hommes vivent sans roi
[05:21.0]Au matin, un lit vide et une lettre posée, dans laquelle il m'explique, qu'il part éliminer le poison de
[05:21.0]nos mondes
[05:21.0]«Si j'ai fui tout ce temps, c'est pour vous libérer, alors, pars au-delà de ces barrières dressées, de
[05:21.0]cette foutue tombe»
[05:21.0]J'ai pris quelques vêtements et des pièces anthracites, ma peur et mon courage. Direction l'inconnu
[05:21.0]et cette terre interdite, qu'avait banni les sages
[05:21.0]Quelques nuits à marcher le long de mes souvenirs, traversant les chemins de la curiosité, jusqu'aux
[05:21.0]portes de l'avenir
[05:21.0]Rien n'était effrayant, des enfants nus chantaient, dans des cahutes en bois, on pouvait respirer ces
[05:21.0]repas qu'on partage
[05:21.0]Là, des hommes riaient, assis au bord d'un feu et des femmes aux pieds nus et à l'œil malicieux,
[05:21.0]dansaient comme des messages
[05:21.0]Je ne revis jamais Torina Mélérine, mais je ne pus l'oublier. J'ai vécu presque un siècle derrière
[05:21.0]cette colline, dans une douce gaité. Je ne cesserai de penser à l'ami de passage, était-il réel ou
[05:21.0]l'avais-je rêvé ?
[05:21.0]Un ange et son présage
[05:21.0]Il m'avait libéré !
[05:21.0]Elle existe cette terre ou pousse la liberté !
[05:21.0]Elle existe cette terre ou pousse la liberté